Quelle est la différence entre somnolence et fatigue ?
On tend souvent à confondre fatigue et somnolence. Mais si les deux notions sont proches, elles restent distinctes et leurs mécanismes et conséquences médicales ne sont pas les mêmes pour l’organisme 1.
Pour traiter ces symptômes, il faut donc comprendre cette différence somnolence-fatigue.
C’est quoi la fatigue ?
La fatigue peut se définir simplement comme une sensation d’affaiblissement de nos capacités physiques, mentales ou psychiques, pouvant conduire à l’épuisement s’il n’y a pas de récupération.
Quelles sont les causes de la fatigue ?
Cette définition induit qu’il existe au moins deux grandes causes à la fatigue.
La première est la fatigue physiologique, faisant suite à un effort : cette fatigue réactionnelle est normale, en ce sens que l’organisme a besoin de se reposer et de récupérer pour retrouver des forces et reconstituer ses réserves, notamment d’énergie. La fatigue est transitoire et disparaît après un temps de récupération variable selon le type d’effort et les capacités individuelles.
La seconde cause de fatigue est pathologique, si la fatigue apparaît sans effort identifié, ou si elle persiste malgré un temps de repos normal. On parle aussi d’asthénie. Cette fatigue traduit toujours directement ou indirectement une incapacité de l’organisme à créer suffisamment de réserves, ou à les reconstituer rapidement.
Ces causes de fatigue anormale peuvent être très variées, dès lors qu’il y a une altération profonde de notre métabolisme : carences nutritionnelles, maladies chroniques, troubles psychiques ou psychologiques, dysfonctionnements des mécanismes régulateurs hormonaux, insuffisance de repos…
Quels sont les différents types de fatigue ?
Le patient doit aussi définir le type de fatigue, qui n’est d’ailleurs pas toujours isolée.
- La fatigue physique s’exprime généralement par un manque de force et un manque d’énergie, aboutissant à la sensation d’épuisement et au besoin impérieux de se reposer pour récupérer.
- La fatigue psychique se traduit essentiellement par une lassitude notamment matinale, avec un manque d’entrain et une forte démotivation. On la désigne fréquemment sous le terme de psychasthénie.
- La fatigue mentale aboutit à l’incapacité à se concentrer, pouvant aboutir à un état de burn-out.
C’est quoi la somnolence ?
La somnolence va se définir en revanche comme un besoin impérieux d’endormissement en phase d’éveil, dès lors qu’on n’est pas stimulé.
On parle encore de SDE ou somnolence diurne excessive 2.
Elle traduit le plus souvent un sommeil insuffisamment récupérateur pour l’organisme, conséquence soit d’un dérèglement du sommeil avec une demande accrue en journée, soit d’une nuit de sommeil anormale sur le plan qualitatif et/ou quantitatif.
Si l’on exclut le manque de sommeil lié à l’hygiène de vie ou à l’insomnie, la principale cause de somnolence diurne est le syndrome d’apnée hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS), où des pauses respiratoires nocturnes vont entraîner un sommeil de mauvaise qualité, non réparateur. Une apnée du sommeil peut passer inaperçue et la somnolence est alors le principal signe d’alerte. Par ailleurs, environ 12 % des patients atteints de SAHOS et traités par pression positive continue (PPC) se plaignent tout de même d’une somnolence diurne résiduelle 3.
Il existe toutefois de nombreux troubles du sommeil donnant une somnolence, comme les hypersomnies (besoin de sommeil accru, la principale étant la narcolepsie) les parasomnies.
Une somnolence diurne excessive sans fatigue doit donc systématiquement inclure les troubles du sommeil dans le diagnostic différentiel.
Comment distinguer fatigue et somnolence ?
Avant de consulter un spécialiste du sommeil ou de la fatigue, le patient doit d’abord définir ce qu’il ressent. Il existe ainsi différents tests sous forme d’auto-questionnaires, lui permettant d’objectiver ou pas son trouble et de le quantifier.
Comment savoir si on souffre de fatigue ?
Le test de la fatigue de Pichot (appelé aussi échelle de Pichot Brun) permet d’estimer l’importance de la fatigue quotidienne. Ce test comprend 8 items, avec un score maximal possible de 32.
Un score élevé doit amener à consulter un spécialiste, pour déterminer s’il existe une maladie sous-jacente ou des troubles du sommeil.
Les huit affirmations à noter sont : je manque d’énergie, je me sens faible à certains endroits du corps, tout demande un effort, je sens mes jambes ou mes bras lourds, j’ai du mal à me concentrer, je me sens fatigué, lourd et raide, je me sens fatigué sans raison, j’ai besoin de m’allonger pour me reposer.
Comment savoir si on souffre de somnolence ?
Le patient peut remplir un auto-questionnaire, l’échelle de somnolence d’Epworth (ESS pour Epworth Sleepiness Scale).
Le médecin peut ensuite quantifier et objectiver cette somnolence, avec des tests médicaux objectifs et reproductibles.
Les principaux sont le TME (Test de Maintien à l’Éveil), le TILE (Test Itératif de Latence à l’Endormissement) ou le test d’OSleR (Oxford Sleep Resistance).
Ces tests permettent de bien distinguer la différence entre somnolence et fatigue, constituant un préalable indispensable avant d’envisager une exploration plus poussée des troubles du sommeil, par exemple par polygraphie nocturne ou par polysomnographie.
Bibliographie:
- Haba-Rubio, J., et J. Krieger. « Somnolence, fatigue et hypersomnie ». Médecine du Sommeil, vol. 8, no 1, janvier 2011.
- Petiau, C., et J. Krieger. « Somnolence diurne pathologique ». La Revue de Médecine Interne, vol. 18, no 3, mars 1997.
- Buffle, C., Gex, G., Cervena, K., Younossian, A., B., Adler, D. (2014), Somnolence résiduelle lors d’apnées du sommeil traitées par pression positive continue, Rev Med Suisse, 0, no. 451, 2214–2218.