Fatigue

La fatigue peut se définir comme un affaiblissement physique  ou psychique, se traduisant par une baisse d’énergie et une difficulté à rester concentré.

Elle se traduit généralement par un picotement oculaire et un regard qui se fige : la nuque et dos tendent à se contracter.

Elle nécessite alors du repos, qui consiste à interrompre l’effort un temps donné.

Cette fatigue est physiologique si elle intervient durant un effort soutenu et prolongé : elle traduit alors le besoin cellulaire de relancer la production d’énergie;  Cette fatigue est pathologique si elle intervient sans effort intense, ou si elle s’installe de manière chronique.

La différence fatigue / somnolence est essentielle à comprendre, même si les deux sont souvent associées et qu’une fatigue matinale peut aboutir par exemple à une somnolence l’après-midi.

La somnolence diurne est une baisse de vigilance, se traduisant par la difficulté à rester éveillé et le besoin plus ou moins fort de dormir.

Elle se traduit généralement par des bâillements et des paupières lourdes, avec souvent des micro-fermetures des yeux qui passent inaperçues.

La fatigue peut donc se voir comme une difficulté à accomplir des gestes courants, demandant en ce sens une notion d’effort.

• La fatigue physique demande d’effectuer un effort musculaire pour réaliser la tâche. Elle peut alors s’accompagner de douleurs dans les muscles, voire même d’un essoufflement. Cette fatigue impose un temps de récupération pour reprendre l’effort.
• La fatigue intellectuelle demande un effort de concentration pour terminer une tâche, un travail ou un apprentissage. Elle nécessite de faire une pause, que ce soit avec un moment de repos ou la réalisation d’une autre tâche, distrayante.
• La fatigue psychique demande un effort pour agir et se bouger, avec un manque de motivation. Elle peut être facilement confondue avec des épisodes dépressifs, dont elle est aussi un symptôme fréquent.

Si la fatigue est un symptôme très fréquent de l’apnée du sommeil, tous les mécanismes responsables ne sont pas encore parfaitement élucidés.

On sait que le sommeil s’organise par cycles de 60 à 90 minutes, à raison de 4 à 6 par nuit. Chaque cycle répond à une architecture précise avec plusieurs phrases, où les ondes cérébrales sont totalement distinctes.

Deux phases de sommeil sont essentielles pour la récupération de l’organisme (1):

• Le sommeil lent profond ou phase N3, qui est plus important en début de nuit jusqu’à environ 3 heures du matin. Il est essentiel dans la récupération physique  et fait intervenir des mécanismes de réparation cellulaire (2).
• Le sommeil paradoxal ou phase REM (rapid eye movements), qui semble essentiel à la consolidation émotionnelle et donc à la récupération psychique (3). 

Il a été prouvé que l’apnée du sommeil altérait profondément l’architecture de ces cycles, avec deux répercussions majeures :

• le patient apnéique a plus de difficultés à atteindre le stade du sommeil profond, ce qui diminue sa récupération physique ; le patient apnéique entre moins en phase de sommeil paradoxal, ce qui diminue sa récupération psychique.

L’inflammation est un processus normal de réaction de l’organisme, qui interfère avec le système immunitaire et le système nerveux.

Les états inflammatoires sont connus pour entraîner de la fatigue, qu’il y ait ou pas une fièvre associée.

L’inflammation est normale quand elle répond à une « agression » ponctuelle, mais elle peut devenir pathologique si elle s’installe de manière chronique.

L’apnée du sommeil va être à l’origine de fatigue diurne, avec ou pas somnolence associée, qui va aboutir à des difficultés de concentration, des troubles de l’humeur, des difficultés de concentration et parfois des troubles de la libido.

La déstructuration du sommeil va occasionner des épisodes de fatigue occasionnelle, en associant souvent les 3 types de fatigue:

• fatigue physique : la moindre activité demande du repos, avec une sensation d’épuisement.
• fatigue psychique : le sujet devient parfois irritable, triste, léthargique etc.
• fatigue intellectuelle : difficulté dans le travail ou dans les études.

Il faut alors être très attentif à l’existence d’autres signes pouvant traduire des troubles du sommeil, comme des maux de tête le matin ou une somnolence diurne.

Si ces troubles s’installent sur la durée, le danger est de voir la fatigue psychique prendre le dessus, et évoluer vers un état de type plus ou moins dépressif.

C’est d’autant plus grave que va alors s’installer un vrai cercle vicieux du sommeil:

Par ailleurs, dans l’apnée du sommeil, la fatigue peut s’associer à des troubles dépressifs et/ou des insomnies. Il est alors essentiel d’envisager une prise en charge de qualité, pour déterminer l’agent causal à la base de ces troubles du sommeil.

Une exploration de l’apnée du sommeil est recommandée pour tout patient souffrant à la fois de fatigue chronique et de trouble du sommeil, notamment après l’âge de 40 ans.

C’est particulièrement vrai s’il souffre de somnolence diurne marquée, d’épisodes dépressifs ou de mauvais résultats à un test d’Epworth.

La première étape est de savoir distinguer parfaitement la fatigue de la somnolence.

Des questionnaires sur le sommeil permettent de cibler au mieux les patients pour lesquels une exploration du sommeil peut s’avérer prioritaire.

Le test d’Epworth permet d’évaluer le niveau de somnolence, tandis que l’échelle de Pichot permet d’apprécier le degré de fatigue. Il est alors possible d’explorer une apnée du sommeil par des examens complémentaires comme la polygraphie ou si besoin la polysomnographie.

Bibliographie:

1. Chennaoui, Mounir, et Damien Léger. « Le sommeil et les conséquences du manque de sommeil : définitions et généralités »: Revue Défense Nationale, vol. N° Hors-série, nᵒ HS1, mai 2022, p. 13‑21. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.3917/rdna.hs07.0013.
2. Davenne, Damien. « Alternance activité-repos, sommeil et récupération ». Les Cahiers de l’INSEP, vol. 27, no 1, 2000, p. 99‑112. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.3406/insep.2000.1541. 
3. Baran, B., et al. « Processing of Emotional Reactivity and Emotional Memory over Sleep ». Journal of Neuroscience, vol. 32, nᵒ 3, janvier 2012, p. 1035‑42. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.2532-11.2012. 
4. Soyer, Yves, et Sylvie Legris. « Le SAHOS du sénior ». Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, édité par E. Azoulay et F. Pourrat, vol. 54, no 1, février 2020, p. 97‑112. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1051/odf/2020010.
5. Martani, M., et al. « Relation entre la durée des apnées-hypopnées et la sévérité les symptômes du syndrome d’apnée hypopnée du sommeil ». Médecine du Sommeil, vol. 16, no 1, mars 2019.