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Troubles de la mémoire

Les troubles de la mémoire peuvent faire suite à différents facteurs telle que certaines prises médicamenteuses ou bien une pathologie du sommeil.

Par ailleurs, le lien entre un bon sommeil et les troubles de la mémoire (1) est établi et concerne tous les âges.

C’est quoi les troubles de la mémoire ?

Les troubles de la mémoire ou troubles mnésiques peuvent se définir comme la difficulté à se souvenir des faits, soit des faits anciens, soit des faits récents, soit les deux. Cette amnésie peut être plus ou moins complète et plus ou moins durable.

On distingue ainsi trois formes d’amnésie qui peuvent co-exister:

  • l’amnésie rétrograde porte sur des faits anciens, antérieurs à la survenue de la maladie ou de l’événement ;
  • l’amnésie antérograde porte sur des faits récents au fur à mesure qu’ils surviennent, alors que les évènements anciens sont conservés ;
  • l’amnésie lacunaire porte sur une tranche de vie plus ou moins longue, avec souvent un élément déclencheur de type traumatique (physique ou psychique).

Quelles sont les liens entre mémoire et sommeil ?

Plusieurs formes de mémoire existent. À titre d’exemple, on retrouve la mémoire immédiate et la mémoire longue.

Le sommeil prépare ainsi le cerveau à encoder la nuit de nouvelles informations, pour en quelque sorte les trier. Certaines vont être effacées, d’autres stabilisées et renforcées, d’autres stockées sans être totalement oubliées.

Il a ainsi démontré que le sommeil intervenait en deux temps (2):

  • Le sommeil léger (endormissement) et le sommeil profond consolident  la mémoire déclarative, somme de nos souvenirs et de nos connaissances, qui est consolidée. 
  • Le sommeil paradoxal renforce la mémoire procédurale, somme de capacités motrices et perceptives.

Quelles sont les causes des troubles de la mémoire dues au sommeil ?

Tous les mécanismes ne sont pas encore connus, mais il a été démontré que les troubles du sommeil comme l’apnée du sommeil peuvent avoir des impacts spécifiques sur certains troubles de la mémoire.

Troubles du sommeil et troubles de mémoire occasionnels

Quand on évoque les troubles de la mémoire, il faut toujours distinguer des troubles ponctuels, transitoires, des maladies de long terme.

Ces trous de mémoire sont sans conséquence médicale, même s’ils peuvent impacter le quotidien.

Ces troubles mnésiques sont aggravés dans trois situations, où le sommeil intervient:

  • La fatigue, accompagnée ou pas de somnolence diurne ;
  • Les états dépressifs, qui aggravent les troubles du sommeil et inversement ;
  • Les troubles anxieux, qui favorisent notamment les insomnies d’endormissement.

Troubles du sommeil et apprentissage

Comme le rapporte une étude publiée le 16 février 2011 dans la revue Journal of Neuroscience menée G. Rauchs (Unité Inserm U923, Caen), il a été prouvé que le sommeil renforce notre capacité à apprendre, en activant le décodage au sein de l’hippocampe (3).  

  • Le sommeil profond restaure les capacités d’apprentissage en “réinitialisant” les circuits neuronaux «encombrés » par des informations inutiles, un peu comme un disque dur qu’on nettoierait et qu’on défragmenterait (4). Le sommeil de qualité joue donc un rôle important de triage entre l’important et le secondaire, permettant l’apprentissage des connaissances mais aussi et surtout leur meilleure utilisation.
  • Le sommeil paradoxal jouerait un rôle dans une forme d’apprentissage « émotionnel ». Les rêves correspondraient en partie à une réactivation de la mémoire des expériences récentes, incorporées à d’autres souvenirs que le sommeil paradoxal exprimerait alors sous une forme plus abstraite riche en émotions. Il y aurait donc une influence directe sur une forme de mémoire émotionnelle de nos souvenirs, très utile aussi à la créativité (5).

Troubles du sommeil et mémoire déclarative

Il a été démontré que la mémoire déclarative était affectée par les troubles du sommeil. Ȧ titre d’exemple, les résultats d’apprentissages déclaratifs tels que l’apprentissage de paires de mots différent en fonction des caractéristiques du sommeil observées (6) : des effets bénéfiques optimaux sont visibles lorsqu’une période de sommeil a été réalisée suite à la sollicitation de la mémoire.

Troubles de la mémoire et démence sénile

On sait depuis des années que les patients qui souffrent de la maladie d’Alzheimer présentent des troubles du sommeil marqués.

Comme le rapporte la revue Neurology, il a été prouvé que les troubles du sommeil avaient un intérêt prédictif : une diminution ou une augmentation du sommeil paradoxal augmentent de 9 % le risque de maladie d’Alzheimer avec l’âge (7).

Quels examens du sommeil envisager pour des troubles de la mémoire ?

Tout patient souffrant à la fois de troubles de la mémoire chroniques et de trouble du sommeil a intérêt à faire une exploration du sommeil, notamment après 50 ans.

C’est particulièrement vrai s’il souffre de somnolence diurne marquée, d’épisodes dépressifs ou de mauvais résultats à un test d’Epworth.

Inversement, l’évaluation des capacités mnésiques chez un patient présentant des troubles de la mémoire devrait systématiquement vérifier la qualité du sommeil, avec si besoin des examens complémentaires comme la polygraphie pour l’apnée du sommeil ou la polysomnographie. Des questionnaires sur le sommeil permettent de cibler au mieux les patients pour lesquels une exploration du sommeil doit s’avérer prioritaire.

Bibliographie:

  1.  “Liens entre sommeil et mémoire au fil de la vie », Revue de neuropsychologie, 2011/1 (Volume 3), p. 33-40. DOI : 10.3917/rne.031.0033. URL : https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2011-1-page-33.htm
  2. Chennaoui, Mounir, et Damien Léger. « Le sommeil et les conséquences du manque de sommeil : définitions et généralités »: Revue Défense Nationale, vol. N° Hors-série, no HS1, mai 2022, p. 13‑21. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.3917/rdna.hs07.0013.
  3. Rauchs, Géraldine, et al. « Liens entre sommeil et mémoire au fil de la vie ». Revue de neuropsychologie, vol. 3, no 1, 2011, p. 33. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.3917/rne.031.0033.
  4. Jean-Baptiste Sauzeau. Impact des troubles du sommeil sur les processus de consolidation des apprentissages dépendants du sommeil chez l’enfant. Neurosciences. Université de Lyon, 2017. Français.
  5. Baran, B., et al. « Processing of Emotional Reactivity and Emotional Memory over Sleep ». Journal of Neuroscience, vol. 32, no 3, janvier 2012, p. 1035‑42. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.2532-11.2012
  6. Backhaus, Jutta, et al. « Impaired Declarative Memory Consolidation During Sleep in Patients With Primary Insomnia: Influence of Sleep Architecture and Nocturnal Cortisol Release ». Biological Psychiatry, vol. 60, no 12, décembre 2006, p. 1324‑30. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2006.03.051.
  7. Pase, Matthew P., et al. « Sleep Architecture and the Risk of Incident Dementia in the Community ». Neurology, vol. 89, no 12, septembre 2017, p. 1244‑50. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1212/WNL.0000000000004373.