Qualité de vie : les risques des troubles du sommeil | Info Somnolence

Risques liés au sommeil dans la vie quotidienne : impact sur la qualité de vie

Le sommeil a un rôle physiologique essentiel : croissance, maturation cérébrale, capacités cognitives, régulations hormonales, réparation cellulaire sont autant de mécanismes qui en dépendent. Il est donc normal que les troubles du sommeil aient des répercussions sur notre santé ainsi que sur notre vie quotidienne.

Troubles du sommeil et activité physique

Les troubles du sommeil vont avoir très souvent une activité négative sur l’activité physique, en favorisant la sédentarité.

Deux mécanismes principaux y contribuent:

  • La somnolence diurne excessive donne plus l’envie de faire la sieste que d’aller courir ou faire une longueur de piscine ;
  • La fatigue chronique qui s’installe joue d’un point de vue physique et psychique, en diminuant la motivation et la durée des exercices.

Cette sédentarité va elle-même favoriser des troubles du sommeil, soit de manière directe, soit de manière indirecte en favorisant des pathologies comme l’obésité, l’apnée du sommeil, le diabète ou l’hypertension.

Il n’est pas rare alors d’avoir des maux de tête au réveil, des troubles de la concentration ou des douleurs musculaires.

C’est ainsi que s’installe un vrai cercle vicieux mauvais sommeil / manque d’exercice / mauvais sommeil.

Les recommandations actuelles sont de 30 mn d’exercice au moins 5 jours par semaine (1).

Troubles du sommeil et travail

Dès la fin du XIXème siècle, les expériences de privation du sommeil ont prouvé les conséquences néfastes sur les capacités mnésiques, la faculté de concentration et le temps de réaction motrice, qualités nécessaires dans l’exercice du travail.

C’est pourquoi un mauvais sommeil ou des insomnies vont nuire aux processus de concentration, de mémorisation d’apprentissage, ou d’orientation.

Rôle de la sieste au travail

Différentes études ont prouvé que la sieste au travail pouvait avoir un rôle positif et récupérateur, qui au bout du compte améliore les capacités de travail du salarié, ainsi que sa productivité et sa créativité (2). 

Comme le notent les spécialistes en ressources humaines, la pratique de la sieste en entreprise, fréquente en Asie, commence à se répandre en France dans le monde des start-ups et tout particulièrement dans les professions avec une part de travail créatif. Inversement, un mauvais sommeil sans récupération va baisser la productivité et la créativité.

Rôle des horaires décalés

Pour ceux qui travaillent avec des horaires décalés, ceux-ci peuvent occasionner des troubles du rythme circadien, d’autant plus fréquents que le sommeil de jour est rendu complexe par l’environnement (bruit, lumière, famille…).

Pour conserver sa vigilance, on conseille de dormir au moins 7 heures par tranche de 24 heures, avec un minimum de 5 heures d’affilée.

Rôle du sommeil dans le burn-out

Selon une mise au point synthétique de T. Brühlmann (Fatigue en cas de burnout et boreout, 2015), le burn-out (3) se définit désormais comme un trouble d’adaptation dépressif ou un épisode dépressif lié au travail, aboutissement à l’épuisement total.

Toutes les études prouvent une forte corrélation entre burn-out et manque de sommeil, à la fois comme facteur causal et comme conséquence.

Les personnes en burn-out « ramènent » en effet leur travail à la maison, ce qui provoque une insomnie d’endormissement. Même le sommeil paradoxal peut être altéré par le travail, aboutissant à un isolement psychologique progressif.

Rôle du sommeil dans la créativité

Le sommeil prouve aussi tout son intérêt dans la dimension créative, comme cela a été prouvé avec le rôle des micro-siestes. Einstein, Dali ou encore Edison étaient ainsi adeptes de ces sommeils très courts (4) pour booster leur imaginaire ou leurs capacités de raisonnement, afin de résoudre des problèmes.

Thomas Edison avait ainsi développé une méthode originale de micro-sieste : il s’endormait avec en main des boules métalliques. Dès qu’il s’endormait, son tonus musculaire se relâchait, les boules tombaient et le réveillaient aussitôt : il notait alors immédiatement ses flashs créatifs.

Sommeil et vie scolaire

Depuis plusieurs années, la question du sommeil des élèves et des étudiants est devenue prégnante dans la vie éducative, avec des élèves somnolents en classe, manquant de vigilance et de concentration, et un absentéisme accru.

C’est d’autant plus vrai chez l’adolescent, affecté naturellement par un décalage de ses cycles de sommeil (syndrome de retard de phase du sommeil), qui l’amène

à vouloir se coucher plus tard et à se lever plus tard. Cela aboutit immanquablement à une privation de sommeil, qui va affecter ses résultats scolaires. 

S’y ajoutent des éléments de la vie moderne, comme l’usage excessif des écrans et de la lumière bleue au moment du coucher, la sédentarité, l’alimentation trop riche, et parfois des gardes alternées avec des horaires de vie différents. 

L’enquête HBSC de Santé Publique France (2010)  mettait en évidence une baisse  de la durée de sommeil entre l’âge de 11 et 15 ans (5), avec une importante fatigue matinale.

Sommeil et vie psychique ou psychologique

On estime que l’anxiété, le stress ou la dépression sont responsables de plus de la moitié des insomnies. Une fois encore, c’est un cercle vicieux, car les troubles du sommeil vont eux même induire un état anxieux, parfois dépressif, avec par exemple la peur d’être fatigué le lendemain, de ne pas être en forme, d’avoir mal à la tête…

C’est d’autant plus vrai si ce manque de sommeil est associé à des pratiques addictives plus ou moins marquées, comme la consommation d’alcool, de tabac, de drogues ou de somnifères.

Troubles du sommeil et stress ou anxiété

Le sommeil s’organise en phases structurées, régulées par des neuromédiateurs.

Or les deux hormones principales du stress, le cortisol et les catécholamines, favorisent la phase de réveil, expliquant l’aggravation des troubles du sommeil.

La fatigue qui s’installe est source alors d’un stress supplémentaire en journée, avec souvent des erreurs, des ratés.

Le besoin de récupérer oblige parfois à s’isoler du groupe, en diminuant sa vie sociale et associative pour dormir plus tôt.

Le patient peut finir par se renfermer sur lui-même, à ruminer ses soucis, dormant de moins en moins bien.

L’échelle HAD (Hospital Anxiety Depression) permet alors au professionnel du sommeil de bien évaluer le risque d’anxiété et de dépression comme facteur de risque d’un trouble du sommeil.

Troubles du sommeil et dépression

La dépression et les états dépressifs sont à la fois une conséquence fréquente et à la fois une cause des troubles du sommeil. Ils installent le sujet dans une spirale infernale, avec un isolement social et affectif, un repli sur soi, une consommation parfois excessive de somnifères.

Il est important de diagnostiquer rapidement un état dépressif, dont l’insomnie est parfois le principal symptôme de départ.

Manque de sommeil et émotions

Pour le spécialiste américain Charles Czeisler, chaque privation de sommeil a un effet comparable à la prise d’alcool, avec un effet désinhibiteur (6).

Sans qu’on s’en rende compte, les troubles du sommeil changent donc inconsciemment notre comportement, notre façon d’agir et d’interagir avec les autres et avec nos proches, avec un vrai impact quotidien dans notre vie sociale, professionnelle et affective… à notre détriment.

Autant nous sommes parfois conscients des troubles de l’humeur que nous subissons avec le manque de sommeil, autant ces réactions émotionnelles anormales peuvent renvoyer inconsciemment une image biaisée de soi à l’entourage.

Bibliographie:

  1. DICOM_Anne.G. « Activité physique et santé ». Ministère de la Santé et de la Prévention, 22 décembre 2022, https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/article/activite-physique-et-sante.
  2. Antonenko, D., Diekelmann, S., Olsen, C., Born, J., & Mölle, M. (2013). Napping to renew learning capacity: enhanced encoding after stimulation of sleep slow oscillations. The European Journal of Neuroscience, 37(7).
  3. Brühlmann, T. (2015), Fatigue en cas de burnout et boreout, Rev Med Suisse, 1, no. 471, 923–926.
  4.  Adant, G. (2011). Sommeil et créativité. Gérontologie et société, 34(137), 67-83. https://doi.org/10.3917/gs.137.0067
  5.  SPF. La chute du temps de sommeil au cours de l’adolescence : résultats de l’enquête HBSC 2010 menée auprès des collégiens. Numéro thématique. Épidémiologie des troubles du sommeil en France. https://www.santepubliquefrance.fr/notices/la-chute-du-temps-de-sommeil-au-cours-de-l-adolescence-resultats-de-l-enquete-hbsc-2010-menee-aupres-des-collegiens.-numero-thematique.-epidemiol. Consulté le 22 décembre 2022.
  6. Czeisler CA. Sleep deficit: the performance killer. A conversation with Harvard Medical School Professor Charles A. Czeisler. Harv Bus Rev. 2006;84(10):53-148.