Age et sexe : facteurs de risque de l'apnée du sommeil | Info Somnolence

Facteurs de risque de l’apnée du sommeil : âge et sexe

L’apnée du sommeil a longtemps été considérée comme « la » maladie du senior de sexe masculin. Cette pathologie touche plus fréquemment les patients de sexe masculin et son incidence augmente avec l’âge.

Quels sont les liens entre l’âge et l’apnée du sommeil ?

Si l’incidence du SAHOS augmente de façon quasi-linéaire selon l’âge adulte, c’est une maladie qu’on peut toutefois rencontrer aussi chez de jeunes enfants.

Epidémiologie de l’apnée du sommeil : lien avec l’âge

Les données épidémiologiques (1) montrent que:

  • L’apnée du sommeil existe également chez l’enfant: 2% des enfants âgés de 2 à 6 ans  sont touchés par le SAHOS. Ceci fait le plus souvent suite à la présence de grosses amygdales et de végétations.
  • Chez l’adolescent, la prévalence ne cesse d’augmenter, en étant directement corrélée au surpoids et à la sédentarité. Les changements métaboliques et hormonaux de l’adolescence ont probablement aussi un rôle important.
  • Chez l’adulte, on estime que 7,9% des personnes âgées de 20 à 44 ans et 19,7% des 45–64 ans souffrent d’une apnée du sommeil. Le risque de développer un SAHOS est corrélé à l’âge. En effet, 20 à 48% des individus de plus de 60 ans seraient atteints de Sahos.

Pourquoi l’âge augmente les risques d’apnée du sommeil ?

Le vieillissement du tissu conjonctif joue probablement un rôle majeur, et notamment les fascias qui enveloppent les muscles.

Le tissu conjonctif des tissus mous voit avec l’âge l’activité de ses fibroblastes baisser, amenant à une réduction de la synthèse des fibres de collagène.

Ce phénomène, parfaitement connu pour la peau, altère profondément la tonicité des tissus, qui perdent en fermeté et tendent à s’affaisser (2).

Ces symptômes seront d’autant plus marqués qu’on à affaire à des tissus mous comme le pharynx, sans support osseux et donc encore plus sensibles aux effets de la gravité.

Quels sont les liens entre le sexe et l’apnée du sommeil ?

S’il est clair que l’apnée du sommeil est deux fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes (3), la question est de savoir s’il s’agit d’une cause favorisante plutôt génétique ou plutôt hormonale.

Epidémiologie de l’apnée du sommeil : lien avec le sexe

La ménopause et les perturbations hormonales qu’elle implique sont corrélées à l’augmentation des risques cardiovasculaires ainsi que celui de développer un SAHOS (4).

Ces données laissent donc penser que ces différences sont de nature hormonale, ce que confirme d’ailleurs la prévalence de l’apnée du sommeil chez les femmes dont on traite médicalement la ménopause.

Une étude de E. Shahar et coll. de 2003 (Hormone replacement therapy and sleep-disordered breathing) sur 2852 femmes ménopausées a montré qu’un traitement hormonal de substitution diminuait fortement la fréquence des apnées du sommeil (5).

Comment le sexe modifie les risques d’apnée du sommeil ?

Tous les mécanismes ne sont pas encore parfaitement connus, mais il existe probablement un rôle direct des oestrogènes sur les hormones du sommeil ou la tonicité des tissus.

Un autre élément pourrait jouer, à savoir la distribution du tissu graisseux entre les hommes et les femmes.

Chez ces dernières, le modèle gynoïde fait que la graisse se développe surtout sur le bas du corps et les membres inférieurs (6).

C’est le contraire chez l’homme, où le modèle androïde favorise les dépôts de graisse sur le tronc et le cou, augmentant donc les risques de SAHOS.

D’autre part, durant des années les comportements à risques comme le tabac ou l’alcool étaient plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, pouvant expliquer aussi en petite partie le moindre risque d’apnée du sommeil chez ces dernières. C’est un « avantage » qui tend toutefois à se réduire.

Bibliographie:

  1. «Apnée du sommeil ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/apnee-sommeil/. Consulté le 26 décembre 2022.
  2. Soyer, Yves, et Sylvie Legris. « Le SAHOS du sénior ». Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, édité par E. Azoulay et F. Pourrat, vol. 54, nᵒ 1, février 2020, p. 97‑112. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1051/odf/2020010.
  3. Trzepizur, W., et F. Gagnadoux. « Épidémiologie du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil ». Revue des Maladies Respiratoires, vol. 31, no 6, juin 2014, p. 568‑77. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2014.01.013.
  4. Ennaifer, H., et al. « Particularités du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil chez les femmes ménopausées ». Annales d’Endocrinologie, vol. 77, no 4, septembre 2016, p. 532. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.ando.2016.07.860.
  5. Shahar, Eyal, et al. « Hormone Replacement Therapy and Sleep-Disordered Breathing ». American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, vol. 167, no 9, mai 2003, p. 1186‑92. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1164/rccm.200210-1238OC.
  6. Berdah, J « Comment rester en forme(s) après 50 ans ? » Gynécologie Obstétrique & Fertilité, vol. 34, no 10, octobre 2006, p. 920‑26. DOI.org (Crossref),https://doi.org/10.1016/j.gyobfe.2006.07.035.