Hypertension artérielle : risque des troubles du sommeil | Info Somnolence

Risque associé aux troubles du sommeil : l’hypertension artérielle

Chacun a conscience que les troubles du sommeil, avec un sommeil peu réparateur, vont avoir des conséquences sur la santé et le bien-être. On est toutefois rarement conscient de l’intensité de ces troubles, et notamment de la corrélation qu’il peut y avoir entre un mauvais sommeil et des risques cardiaques, au premier rang desquels l’hypertension artérielle.

C’est quoi l’hypertension artérielle ?

La pression artérielle se définit comme la pression exercée par le sang sur la paroi des artères, suite aux contractions cardiaques. Les battements du cœur sont l’alternance de deux phases, une phase de contraction dite systole, et une phase de repos dite diastole. C’est pourquoi la tension artérielle (TA) est toujours exprimée par deux valeurs en millimètres ou centimètres de mercure, par exemple 13/7. 

La valeur la plus haute est la pression systolique, la pression la plus faible la pression diastolique.

La pression sanguine va varier tout au long de la journée, en fonction de notre activité ou de notre état de stress, suivant les battements de notre cœur. Comme le sommeil met l’organisme au repos, la fréquence cardiaque et la pression artérielle diminuent la nuit. 

L’hypertension artérielle ou HTA est considérée comme l’une des maladies chroniques les plus fréquentes au monde, avec une forme longtemps silencieuse et asymptomatique (1).

On parle d’hypertension artérielle lorsque sa valeur reste anormalement élevée de manière durable: 

  • soit plus de 140 mm Hg pour la pression systolique ;
  • soit plus de 90 mm Hg pour la pression diastolique

La confirmation du diagnostic nécessite la mesure de la pression artérielle au domicile du patient (2).

Quels sont les effets du sommeil sur l’hypertension artérielle ?

Le consensus scientifique est aujourd’hui unanime et reconnaît que les troubles du sommeil ont un effet délétère sur la pression artérielle, et augmentent nettement le risque d’hypertension artérielle.

En 2015, une méta-analyse a mis en évidence que des nuits trop courtes (moins de 5 heures) augmentent de 60 % le risque hypertensif chez l’adulte (3) , même les plus jeunes.

Il semblerait que le risque soit accru chez les femmes au moment de la ménopause (4).

Comment le sommeil agit sur la pression artérielle ?

On sait que le sommeil a donc une influence directe sur la tension artérielle, même si tous les mécanismes ne sont pas encore parfaitement compris.

Le taux de calcium trouvé dans les artères coronaires semble être plus important chez les sujets ayant un sommeil insuffisant (5). Inversement, une heure de sommeil supplémentaire diminuerait la calcification artérielle.

Or le calcium contribue à rigidifier les parois dans l’athérosclérose : cette calcification pariétale est un mécanisme majeur de l’hypertension artérielle, car le cœur doit fournir un effort contractile plus grand (6).

Comment la dette de sommeil agit sur l’hypertension artérielle ?

La dette de sommeil, souvent consécutive aux insomnies, favorise les hormones de stress libérées par la glande surrénale : les catécholamines (7) agissent directement sur les récepteurs vasculaires, tandis que les corticoïdes favorisent la rétention de sodium, un puissant hypertenseur. 

D’autre part, la somnolence diurne peut conduire à des pratiques à risques pour la tension artérielle, comme l’excès de caféine, le tabac ou encore certains psycho-stimulants.

Comment les réveils fréquents augmentent l’hypertension artérielle ?

La tension artérielle baisse de 10 à 20 % la nuit (8), mais remonte juste avant les phases de réveil. Le fait de se réveiller plusieurs fois va donc favoriser ces remontées, avec un appareil cardio-vasculaire moins au repos et plus hypertendu.

Comment le syndrome d’apnée du sommeil / hypopnée accroît l’hypertension artérielle ?

On estime que le risque d’HTA est significatif chez les patients atteints d’une apnée du sommeil, même dans les formes non diagnostiquées.

Ce syndrome SAHOS se caractérise en effet par des pauses inspiratoires, où l’apport d’oxygène baisse. Les récepteurs vasculaires y répondent par une situation de stress en augmentant la pression artérielle, pour éviter toute souffrance des organes majeurs que sont le cerveau et le cœur.

Bibliographie:

  1. «Hypertension artérielle (HTA) ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/hypertension-arterielle-hta/. Consulté le 21 décembre 2022.
  2. « Prise en charge de l’hypertension artérielle de l’adulte ». Haute Autorité de Santé, https://www.has-sante.fr/jcms/c_2059286/fr/prise-en-charge-de-l-hypertension-arterielle-de-l-adulte. Consulté le 30 décembre 2022.
  3. Wang, Yan, et al. « Relationship between Duration of Sleep and Hypertension in Adults: A Meta-Analysis ». Journal of Clinical Sleep Medicine, vol. 11, nᵒ 09, septembre 2015, p. 1047‑56. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.5664/jcsm.5024.
  4. Stranges, Saverio, et al. « A Population-Based Study of Reduced Sleep Duration and Hypertension: The Strongest Association May Be in Premenopausal Women ». Journal of Hypertension, vol. 28, no 5, mai 2010, p. 896‑902. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1097/HJH.0b013e328335d076.
  5. Heimburger, Florence. Le sommeil c’est la santé – Dormir c’est la préserver. Editions Prisma, 2021.
  6. « La calcification coronaire au cœur de la prévention ». FFC, https://fedecardio.org/la-recherche/la-calcification-coronaire-au-coeur-de-la-prevention/. Consulté le 21 décembre 2022.
  7. « Chapitre 2 Stress et insomnies ». Stress, traumatismes et insomnies, par Jean-Pierre Fresco, EDP Sciences, 2012, p. 31‑50. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1051/978-2-84254-233-7.c004
  8. Kario, Kazuomi, et al. « Nighttime Blood Pressure Phenotype and Cardiovascular Prognosis ». Circulation, vol. 142, no 19, novembre 2020, p. 1810‑20. ahajournals.org (Atypon), https://doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.120.049730.