Test Pichot : l'exploration de la fatigue | Info Somnolence

Exploration de la fatigue : le test de Pichot

Quand un sujet souffre de troubles du sommeil ou d’insomnie, il ressent souvent dans la journée des signes cliniques comme de la somnolence ou de la fatigue.

Ces signes cliniques subjectifs, peu spécifiques et généraux, s’ils sont mal définis, peuvent orienter un médecin généraliste sur de mauvaises pistes. C’est pourquoi il est important de pouvoir les confirmer afin de les caractériser et de les quantifier, comme le rappelle une mise au point de J. Haba-Rubio et J. Krieger en 2011 (Somnolence, fatigue et hypersomnie).

C’est notamment le but de l’échelle d’Epworth pour la somnolence diurne excessive (SDE) et de l’échelle de Pichot pour la fatigue.

Le test de Pichot Brun : c’est quoi ?

Le test de Pichot, appelé encore échelle de Pichot ou échelle de Pichot-Brun, est un auto-questionnaire pour explorer la fatigue

La différence entre fatigue et somnolence, petit rappel

Il est essentiel de distinguer la somnolence diurne, une propension à s’endormir le jour, de la fatigue, une impression d’affaiblissement physique ou psychique, pouvant aller jusqu’à l’épuisement. La fatigue est physiologique après un effort soutenu, et disparaît après un temps de récupération marqué par le repos.

La fatigue est en revanche pathologique quand elle apparaît sans raison, et qu’elle handicape le sujet dans ses activités quotidiennes, ce qui constitue forcément une notion subjective.

Les médecins considèrent ce symptôme comme une plainte à tiroirs, tellement les causes peuvent être multiples, des plus bénignes aux plus graves.

Les tests de Pichot, c’est quoi ?

Pierre Pichot est un psychiatre français, dont la double formation en mathématiques et en psychologie, l’a amené à s’intéresser à la psychopathologie quantitative. Il a ainsi introduit différents tests psychologiques, dont trois sont couramment utilisés et qu’il ne faut pas confondre :

  • le test de vocabulaire de Binois Pichot comprend 44 items, et sert à évaluer une forme d’intelligence ;
  • le test d’anxiété de Beck Pichot sert à évaluer les fonds anxieux ou dépressifs, avec 13 items dans sa forme abrégée ;
  • le test de la fatigue de Pichot ou échelle de Pichot Brun est un auto-questionnaire de 24 items  avec une échelle de Lickert, pour évaluer le sentiment de fatigue et apprécier l’importance de ses répercussions au quotidien.

Il existe aussi d’autres échelles de la fatigue, comme l’Echelle FSS (Fatigue Scale Severity) fréquemment utilisée dans les pays anglo-saxons.

Quand réaliser un test de la fatigue ?

Tout sujet pensant souffrir d’une fatigue normale peut réaliser un test de fatigue de Pichot, qu’il souffre ou pas de somnolence:

  • Il va pouvoir ainsi objectiver sa fatigue et mieux l’analyser, en se demandant notamment si c’est une fatigue physique, une fatigue psychique, ou une fatigue mixte.
  • Il va pouvoir apprécier son éventuel degré de gravité, ce qui ne signifie pas forcément que la cause sous-jacente soit elle-même grave.

En revanche, un score élevé traduit un réel inconfort au quotidien et justifie une exploration pour en déceler les causes, dont les troubles du sommeil.

Comment se déroule un test de Pichot ?

L’échelle de la fatigue de Pichot consiste à remplir un questionnaire, constitué de 8 propositions. 

Il faut attribuer à chaque item une note de 0 à 4 :

  • 0 pour pas du tout
  • 1 pour un peu
  • 2 pour moyennement
  • 3 pour beaucoup
  • 4 pour extrêmement

Quels sont les 8 items de l’échelle de la fatigue de Pichot ?

  1. Je manque d’énergie.
  2. Tout demande un effort.
  3. Je me sens faible à certains endroits du corps.
  4. Je sens mes jambes ou mes bras lourds.
  5. Je me sens fatigué sans raison.
  6. J’ai besoin de m’allonger pour me reposer.
  7. J’ai du mal à me concentrer.
  8. Je me sens fatigué, lourd et raide.

Comment interpréter un test de la fatigue de Pichot ?

Un total supérieur à 22, sur un maximum de 32, traduit une fatigue excessive devant amener à consulter.

Il est conseillé si besoin de refaire le test deux fois à quelques semaines d’intervalle pour juger du caractère chronique.

Sur un sujet présentant des facteurs de risques d’apnée du sommeil (par exemple un homme âgé en surpoids), il faut systématiquement penser à l’apnée obstructive du sommeil dans le diagnostic différentiel de cette fatigue chronique.

Bibliographie:

  1. Haba-Rubio, J., et J. Krieger. « Somnolence, fatigue et hypersomnie ». Médecine du Sommeil, vol. 8, no 1, janvier 2011, p. 5‑14. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.msom.2011.01.002.