Hypersomnie : les causes et le diagnostic | Info Somnolence

Hypersomnie

Une hypersomnie est un trouble du sommeil caractérisé par un besoin intense de sommeil, et entraînant une somnolence diurne excessive (SDE). 

Ce besoin excessif peut s’associer à des pathologies médicales, psychologiques ou comportementales, avec un retentissement quotidien variable.

Les différents mécanismes d’hypersomnie

Les hypersomnies sont classées en hypersomnies primaires (à mécanisme central) et secondaires. Parmi celles primaires, on retient la narcolepsie, le syndrome de Klein Levin et l’hypersomnie idiopathique. Ces étiologies restent rares mais invalidantes. Les hypersomnies secondaires sont bien plus fréquentes et rassemblent les dettes de sommeil importantes ainsi que certaines pathologies médicales.

L’hypersomnie : c’est quoi ?

L’hypersomnie traduit un besoin impérieux de sommeil, s’accompagnant de somnolence diurne excessive (SDE) si le besoin n’est pas satisfait.

On parle d’hypersomnie centrale (primaire) quand le dérèglement a une cause centrale, souvent mal définie: il existe trois maladies principales, à savoir la narcolepsie (type 1 avec cataplexie, type 2 sans cataplexie), l’hypersomnie idiopathique et le syndrome de Kleine-Levin.

Il s’agit le plus souvent d’une hypersomnie secondaire, correspondant à un besoin de récupération de l’organisme :

  • Soit par manque de sommeil rĂ©parateur avec Ă©puisement physique ;
  • Soit secondaire Ă  une maladie, qu’elle soit infectieuse (mononuclĂ©ose, syndrome de Guillain-Barré…), mĂ©tabolique (insuffisance rĂ©nale ou hĂ©patique, diabète…), endocrinienne (hypothyroĂŻdie…), neurologique (Parkinson, traumatisme…)…
  • La cause la plus frĂ©quente de somnolence diurne excessive (SDE) reste l’apnĂ©e obstructive du sommeil, qu’on doit toujours envisager parmi les causes possibles d’hypersomnie secondaire.

Cause de l’hypersomnie : les différents mécanismes

Les hypersomnies primaires ou centrales sont des maladies rares. Les hypersomnies secondaires sont bien plus fréquentes et rassemblent les dettes de sommeil importantes, ainsi que certaines pathologies médicales responsables de l’hypersomnie.

Caractéristiques communes des hypersomnies centrales

Elles se caractérisent par une somnolence chronique le jour : cette somnolence diurne excessive s’accompagne d’un endormissement fréquent le jour et d’une durée de nuit allongée.

Quelles sont les différentes hypersomnies primitives ?

  • Tout en Ă©tant rare, la narcolepsie reste la plus connue et la plus frĂ©quente. Selon Bastuji H et Jouvet M dans IntĂ©rĂŞt de l’agenda de sommeil pour l’Ă©tude des troubles de la vigilance (1985), on estime sa frĂ©quence Ă  un cas sur 5000 1. Elle se dĂ©veloppe le plus souvent entre 10 et 30 ans et se caractĂ©rise par une importante somnolence diurne. Celle-ci se traduit par un besoin impĂ©rieux de dormir en milieu de journĂ©e et Ă  plusieurs reprises. La cataplexie rejoint souvent ce tableau et consiste en une perte plus ou moins marquĂ©e du tonus musculaire, suite Ă  une Ă©motion, gĂ©nĂ©ralement positive (joie, surprise…). Si la narcolepsie se dĂ©clenche le plus souvent Ă  l’adolescence, le diagnostic peut prendre plusieurs annĂ©es. Il s’agit d’une pathologie souvent très difficile Ă  vivre pour les patients.
  • Le syndrome de Kleine-Levin est une hypersomnie très rare 2 , avec environ 2 cas par million d’habitants. Ce syndrome toucherait plutĂ´t les hommes adultes et adolescents, avec un âge d’apparition de 15 ans en moyenne. Ce syndrome se caractĂ©rise par des Ă©pisodes rĂ©currents d’hypersomnie, avec des phases de sommeil pouvant aller jusqu’à 21 heures par jour sur quelques jours Ă  quelques semaines. Elle est frĂ©quemment associĂ©e Ă  des troubles cognitifs (apathie, confusion…) et comportementaux (angoisse, hypersexualitĂ©, hyperphagie, dĂ©sinhibition…). La vie redevient quasi-normale entre ces Ă©pisodes de crises.
  • L’hypersomnie idiopathique se caractĂ©rise par un sommeil nocturne normal mais non rĂ©parateur , d’oĂą une somnolence diurne. Selon les donnĂ©es de l’INSERM 3), elle affecte environ 1 personne sur 10 000, le plus souvent avant 30 ans. Le rĂ©veil est très difficile, avec une forme d’inertie ou d’ivresse pouvant durer de quelques minutes Ă  quelques heures.

Comment diagnostiquer une hypersomnie ?

La difficulté est toujours de distinguer une hypersomnie secondaire d’une hypersomnie primaire.

Interrogatoire et examen clinique

L’interrogatoire, l’examen clinique et l’examen psychologique doivent être complets avec deux objectifs:

  • Diagnostiquer une hypersomnie ;
  • Éliminer des causes d’hypersomnie secondaire.

Des questionnaires, comme le test d’Epworth ou un agenda du sommeil peuvent aider à fournir le tableau le plus complet possible.

L’Ă©chelle de somnolence d’Epworth est un outil diagnostique couramment utilisĂ© pour mesurer la somnolence diurne d’un individu. Elle se compose de huit situations quotidiennes dans lesquelles une personne pourrait s’endormir, comme par exemple lorsqu’elle regarde la tĂ©lĂ©vision ou qu’elle est assise en train de lire. Pour chaque situation, le patient doit Ă©valuer la probabilitĂ© de s’endormir sur une Ă©chelle allant de 0 (aucune chance de s’endormir) Ă  3 (haute chance de s’endormir). Un score total supĂ©rieur Ă  10 indique gĂ©nĂ©ralement une somnolence excessive et peut ĂŞtre un signe de troubles du sommeil tels que l’apnĂ©e du sommeil ou l’hypersomnie.

Examens complémentaires

Ils sont indispensables et ils comprennent le plus souvent :

  • Un test de narcolepsie polysomnographie nocturne avec Ă©lectroencĂ©phalogramme, Ă©lectromyogramme et Ă©lectro-oculogramme.;
  • Un test itĂ©ratif de latence d’endormissement (TILE) et un test de maintien d’éveil (TME) ;
  • Un questionnaire de fatigue tel que le questionnaire de Pichot ;
  • De l’imagerie mĂ©dicale complĂ©mentaire comme un scanner ou  une IRM.

Prise en charge : quel traitement pour une hypersomnie ?

Cette prise en charge va être effectuée le plus souvent dans un Centre de référence et de compétence Narcolepsies et Hypersomnies rares.

Elle associe généralement une prise en charge hygiéno-diététique en premier, mais aussi médicale et psychologique. 

A ce jour, les traitements médicamenteux restent symptomatiques 4 :

  • Le modafinil est proposĂ© comme stimulant de la veille dans la narcolepsie ;
  • Le pitolisant est proposĂ© dans le traitement de la narcolepsie avec ou sans cataplexie et dans la somnolence associĂ©e Ă  une apnĂ©e obstructive du sommeil
  • Le solriamfetol est un psychostimulant permettant de rĂ©duire la somnolence diurne excessive (SDE), en particulier dans la narcolepsie et dans la somnolence associĂ©e Ă  une apnĂ©e obstructive du sommeil. 

L’oxybate de sodium est un dépresseur du système nerveux central qui augmente le sommeil profond du sujet narcoleptique, tout en diminuant les cataplexies.

Quels sont les symptĂ´mes de l’hypersomnie ?

L’hypersomnie peut se reconnaĂ®tre par le biais de diver symptĂ´mes :

  • Une envie constante de dormir durant la journĂ©e, mĂŞme après une nuit complète de sommeil ;
  • Les personnes atteintes d’hypersomnie peuvent ressentir comme si elles n’Ă©taient jamais totalement Ă©veillĂ©es, restant dans un Ă©tat brumeux ou d’engourdissement tout au long de la journĂ©e ;
  • Certains individus souffrant d’hypersomnie dorment plus de 10 heures la nuit, un temps de sommeil supĂ©rieur Ă  la norme, sans pour autant se sentir reposĂ©s ;
  • Au rĂ©veil, l’invaliditĂ© majeure se manifeste par une incapacitĂ© Ă  se lever ou une sensation de lourdeur, rendant le dĂ©but de journĂ©e particulièrement difficile ;
  • Bien que les siestes puissent sembler bĂ©nĂ©fiques, elles sont souvent accompagnĂ©es d’une « ivresse du sommeil », une pĂ©riode de confusion ou de dĂ©sorientation Ă  l’Ă©veil ;
  • L’hypersomnie rend les activitĂ©s mentales, telles que la concentration ou la prise de dĂ©cisions, particulièrement ardues, affectant ainsi la vie quotidienne et professionnelle des personnes concernĂ©es.

Conseils en cas d’hypersomnie

L’hypersomnie peut avoir des consĂ©quences importantes sur la qualitĂ© de vie d’une personne. Pour Ă©viter ou attĂ©nuer ce trouble, plusieurs astuces peuvent ĂŞtre adoptĂ©es en complĂ©ment des traitements :

  • Il est essentiel d’Ă©tablir un horaire de sommeil rĂ©gulier, en s’assurant de dormir suffisamment chaque nuit ;
  • Éviter les excitants comme la cafĂ©ine ou l’alcool avant de se coucher peut Ă©galement aider ;
  • L’exercice physique rĂ©gulier et une alimentation Ă©quilibrĂ©e favorisent un sommeil de meilleure qualitĂ© ;
  • La relaxation et les techniques de gestion du stress peuvent rĂ©duire les risques de troubles du sommeil.

FAQ : Vos questions frĂ©quentes sur l’hypersomnie

Qu’est-ce que l’hypersomnie et comment la reconnaĂ®tre ?

L’hypersomnie est une condition caractĂ©risĂ©e par une somnolence diurne excessive ou par des pĂ©riodes de sommeil prolongĂ©es. Elle se manifeste par un besoin irrĂ©sistible de dormir pendant la journĂ©e, mĂŞme après une nuit complète de sommeil.

Quelles sont les causes possibles de l’hypersomnie ?

L’hypersomnie peut rĂ©sulter de troubles du sommeil, de maladies neurologiques, de l’usage de certains mĂ©dicaments ou de problèmes psychiatriques. Des facteurs gĂ©nĂ©tiques peuvent Ă©galement jouer un rĂ´le.

Comment distinguer l’hypersomnie de la simple fatigue ou de la narcolepsie ?

Alors que la fatigue est souvent le rĂ©sultat d’un manque de sommeil ou d’un effort physique/mental, l’hypersomnie est une envie persistante de dormir malgrĂ© un sommeil suffisant. La narcolepsie, quant Ă  elle, entraĂ®ne des endormissements soudains, contrairement Ă  l’hypersomnie oĂą la somnolence est constante.

Quels sont les traitements disponibles pour l’hypersomnie ?

Les traitements de l’hypersomnie varient selon sa cause. Ils peuvent inclure des mĂ©dicaments stimulants, des thĂ©rapies comportementales, ou des ajustements du mode de vie. Une consultation mĂ©dicale est essentielle pour un diagnostic prĂ©cis.

L’hypersomnie peut-elle ĂŞtre un symptĂ´me d’une autre maladie ?

Oui, l’hypersomnie peut ĂŞtre un symptĂ´me secondaire Ă  d’autres affections, comme la dĂ©pression, l’apnĂ©e du sommeil ou certaines maladies neurologiques. Une Ă©valuation mĂ©dicale complète est nĂ©cessaire pour dĂ©terminer la cause.

Est-il possible de guĂ©rir complètement de l’hypersomnie ?

La guĂ©rison dĂ©pend de la cause sous-jacente de l’hypersomnie. Dans certains cas, avec un traitement appropriĂ©, les symptĂ´mes peuvent ĂŞtre grandement attĂ©nuĂ©s ou disparaĂ®tre complètement.

Comment gĂ©rer au quotidien l’hypersomnie et amĂ©liorer sa qualitĂ© de vie ?

La gestion de l’hypersomnie nĂ©cessite une routine de sommeil rĂ©gulière, l’Ă©vitement de l’alcool et des sĂ©datifs, des siestes planifiĂ©es, et souvent, une collaboration Ă©troite avec un spĂ©cialiste du sommeil pour des recommandations personnalisĂ©es.

Bibliographie:

  1. Bastuji, Helene, et Michel Jouvet. « Interet de l’agenda de sommeil pour l’Ă©tude des troubles de la vigilance ». Electroencephalography and Clinical Neurophysiology, vol. 60, no 4, avril 1985, p. 299‑305. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/0013-4694(85)90003-3.
  2. Orphanet: Syndrome de Kleine Levin . https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=33543. Consulté le 20 décembre 2022.  
  3. « Hypersomnies et narcolepsie ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/hypersomnies-et-narcolepsie/. Consulté le 20 décembre 2022.
  4. « Communiqué : Narcolepsie, Hypersomnie idiopathique ». SFRMS, https://www.sfrms-sommeil.org/recherche-2/actualite-scientifique/communique3/. Consulté le 3 janvier 2023.