Exploration clinique de la somnolence diurne : tests cliniques TME – TILE – OSLER

La somnolence diurne est un symptôme commun à de nombreux troubles du sommeil. C’est pour cela que des chercheurs ont mis au point en 1991 un questionnaire d’évaluation, le test d’Epworth. Pour certaines pathologies, ce test peut être insuffisant pour établir le diagnostic. Le médecin spécialiste doit donc s’appuyer sur des examens instrumentaux objectifs pour explorer une somnolence diurne excessive ou SDE, en déterminer la cause et éliminer d’autres causes possibles. C’est le principe des tests itératifs de latence d’endormissement (TILE) : ce sont des tests du sommeil cliniques et objectifs, donnant au professionnel du sommeil des éléments de référence quantifiables.

Exploration de la SDE : le test TME ou test de maintien d’éveil

Le TME permet de mesurer la capacité du patient à se maintenir éveillé dans des conditions propices à l’endormissement.

Le test TME : c’est quoi ?

Le test de maintien d’éveil ou TME est un enregistrement de type examen polysomnographique, réalisé de jour, pour apprécier le degré de vigilance.

Il est aussi appelé MWT test (maintenance of wakefulness test). La polysomnographie est un test de référence complet, qui enregistre différents paramètres et notamment les ondes cérébrales à travers un électro-encéphalogramme. Cela permet de distinguer si des ondes associées à l’endormissement apparaissent.

Quand réaliser un test de maintien d’éveil TME ?

Un examen TME est nécessaire:

  • en prévention, pour détecter d’éventuels problèmes de somnolence diurne excessive (SDE) dans les professions à risques. C’est le cas notamment des professionnels de la route, comme les chauffeurs de taxi, les routiers ou les conducteurs de bus scolaire. L’arrêté du 21 décembre 2005 (1) l’a instauré comme examen médico-légal obligatoire dans certaines professions ou certaines situations.
  • en suivi de soins, pour vérifier l’efficacité d’un traitement  médical, comme un traitement médical de l’apnée du sommeil, ou un traitement médicamenteux éveillant pour une narcolepsie.

En revanche, le test de maintien d’éveil a une faible valeur diagnostique, car il ne fait qu’infirmer ou confirmer une SDE, sans en définir la cause puisque le patient ne dort pas.

Exploration de la SDE : le TILE ou tests itératifs de latence d’endormissement

Les tests itératifs de latence d’endormissement servent à mesurer la tendance diurne à s’endormir dans un environnement de laboratoire de sommeil, à horaires fixes. Le but est d’objectiver une SDE par polysomnographie et de rechercher l’existence d’endormissements éventuellement anormaux en phase de sommeil paradoxal( caractéristiques de la narcolepsie).

Les tests TILE : c’est quoi ?

Le test itératif de latence à l’endormissement ou TILE (2) est l’analyse de l’activité cérébrale, oculaire et musculaire de jour, en répétant successivement plusieurs endormissements et réveils répétés : les durées de sommeil sont limitées à 15/20 minutes et les itérations du test (temps d’endormissement) à 2 heures.

La latence d’endormissement se calcule en minutes entre la fermeture des yeux en condition de sommeil, et l’entrée effective en sommeil.

Quand réaliser les tests itératifs de latence d’endormissement TILE ?

Ce test a un but essentiellement diagnostic :

  • soit pour confirmer une SDE dont il faut alors établir les causes ;
  • soit pour mettre en évidence des troubles du sommeil avec endormissement en sommeil paradoxal type narcolepsie.

Exploration de la SDE : le test d’Osler (Oxford Sleep Resistance Test)

Ce test a été développé à l’Université d’Oxford pour proposer une évaluation simplifiée de la somnolence diurne, en à peine 40 minutes.

Le test d’Osler : c’est quoi ?

Le Test d’Osler ou Oxford Sleep Resistance test (3) est une autre technique d’évaluation de la somnolence, à la manière du test TME. Au lieu d’utiliser un enregistrement par EEG, il s’appuie sur une réaction comportementale à un stimulus lumineux, ce qui le rend très facile à réaliser en pratique courante. Ce test ne nécessite pas d’EEG, il est donc aussi moins coûteux.

Quand réaliser un test d’Osler (Oxford Sleep Resistance Test) ?

Par sa simplicité, le test d’Osler a été proposé comme une alternative au TME, dans un but principalement préventif et thérapeutique.

Son intérêt diagnostic est faible même si certains auteurs le préconisent en examen complémentaire du syndrome d’apnée du sommeil obstructive ou SAHOS.

Bibliographie:

  1. Arrêté du 21 décembre 2005 fixant la liste des affections médicales incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire ou pouvant donner lieu à la délivrance de permis de conduire de durée de validité limitée, Légifrance
  2. Arnulf, I., et al. « Recommandations de la Société française de recherche et de médecine du sommeil (SFRMS) Procédure de réalisation des tests itératifs de vigilance ». Médecine du Sommeil, vol. 5, no 17, septembre 2008, p. 38‑41. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/S1769-4493(08)70007-4.
  3. Mazza, S., et al. « The Oxford Sleep Resistance Test une mesure simplifiée de la somnolence diurne excessive ». Médecine du Sommeil, vol. 1, no 2, décembre 2004, p. 39‑42. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/S1769-4493(04)70176-4.